A l’origine de cet article, un reportage sur Vladimir Poutine. Dans ce reportage, un homme politique russe ou bien un journaliste, son nom et sa fonction m’ont échappés, avec un discours quelque peu radical. Il pensait que l’Europe était une catastrophe. Que la France devait retourner à ses valeurs chrétiennes, que les divorces et autres étaient des choses intolérables. Et force est de constater que la Russie, comme d’autres pays, est incapable de dissocier croyances religieuses personnelles et gouvernement d’un pays.
Je me suis retrouvée à écouter les propos aberrants de cet homme, qui, tout simplement et le plus naturellement du monde, dictait la conduite à avoir, selon ses croyances personnelles, trouvant normal de les imposer à la terre entière, en bon moralisateur. Au delà d’être choquée par cette attitude que j’ai vue maintes fois, je me suis dit…. Ce mec est incapable de penser seul. Il ne pense pas sans sa religion. Dans son esprit, il n’existe pas vraiment.
Comment peut on accorder du crédit à quelqu’un qui ne pense pas ? Qui ne réfléchit pas seul, autant que faire se peut ? Parce que finalement : Ses décisions, il ne sait absolument pas les prendre seul, c’est une évidence.
Il ne s’agit pas ici pour moi de parler de religions en particulier, bien que ça va malheureusement forcément venir. Je pense qu’en me lisant, ma position est évidente, de toute façon. Il s’agit pour moi de parler de la dangerosité de ne pas réfléchir à nos croyances. De notre façon de les aborder et de les transmettre. De les ériger au rang qu’elles ne méritent pas, celui de vérités.
Un sentiment de déjà vécu….
Bien que ce que je peux dire ici n’est rien d’autre que mon avis sur la question, je ne peux pas m’empêcher de le partager, parce que je suis passée par là. Pendant des années, il y a quand même longtemps maintenant, je n’ai pas été capable de penser seule en totalité. D’ailleurs, pour être sincère, c’est une lutte permanente et il y a toujours des efforts à faire. Nous sommes toujours sous l’emprise de quelques pensées, peu importe leur nature, qui nous piège et nous enferme d’une certaine façon. L’esprit critique, au final, ça n’a rien d’aisé.
Étant passée par cette longue période où mes pensées étaient surtout celles de d’autres, je comprends comment on peut en arriver là.
Mon parcours.
Depuis que je suis petite, on m’a élevée en me disant que Dieu existait. Ce Dieu unique. Je suis allée au catéchisme dont je me suis fait virée parce que je ne savais pas me tenir correctement et faisait ce que je voulais, il faut croire que mon sale caractère était là dès le début. Je pense même que c’est ce qui m’a sauvée, d’ailleurs.
Je suis allée à l’église. J’étais très jeune (9 ans) et commençais, sans m’en rendre compte, à me couvrir de plus en plus, à me murer davantage dans le silence.
Mon père un jour, a donc freiné mes activité religieuses, car ce changement ne lui plaisait pas. A ses yeux, croire n’était pas une raison pour se fermer et encore moins pour ne plus être soi-même, ma mère l’a soutenu dans ce discours. Mes parents me laissaient aller à l’église mais eux n’y allaient jamais. Ils respectaient mes choix.
C’est là que j’en arrive à la confidence. Je me suis toujours retenue d’en parler, et je suis toujours angoissée à l’idée de le faire, je dois prendre sur moi, et c’est dur. Dur d’en parler publiquement, douloureux de retourner dans ces souvenirs. Mais je pense que quand on cherche à pousser les gens à être libres, il faut parler de sa propre libération.
La pire période de ma vie, sur le plan religieux, c’est l’entrée de ma mère chez les Témoins de Jehovah. Il faut savoir, avant de commencer, que si certaines choses comme mon entrée dans le milieu ésotérique se sont bien passées, c’est parce que ce sont des choses qui allaient dans le sens de ses croyances et opinions et/ou ne la dérangeait pas. Mais si vous n’êtiez pas d’accord avec elle et osiez le manifester, vous aviez droit à un déluge de violence, verbal, et parfois physique.
Au début, j’étais horrifiée par les croyances. On estime qu’une femme doit être soumise à son mari, et ça, ça a été horrible pour moi, en bonne féministe que je suis. On m’a expliqué que la soumission était demandée, mais que le mari lui se devait de respecter sa femme tout de même. C’est gentil ça, merci du fond du coeur.
Rien à foutre, me soumettrais jamais et si il essai je le noie, me disais-je. Mais je rentrais quand même chez moi en pleurant, ne comprenant pas que ma mère laisse entrer ça chez nous, angoissant à l’idée de les trouver dans le salon, sachant que mon père n’oserait pas s’interposer. J’étais démunie, désespérée…. Et seule.
Je me suis laissée prendre à d’autres croyances qu’ils prônaient, au fil des mois. J’avais beau avoir un caractère dur, je restais une jeune fille seule, fragile, croyante et cherchant du réconfort dans mes croyances, vivant dans un contexte familial violent et difficile, où on me criait dessus dès le réveil, où j’avais déjà du attendre de faire du babysitting pour avoir des livres, parce qu’il n’y en avait pas à la maison. Il est vrai que dans cette congrégation, lorsque vous y êtes, en tout cas au début, c’est tout beau et tout rose. Vous vous demandez même comment ça peut exister, tant de gentillesse et d’humanité. Oui. Au début.
Pour la jeune fille que j’étais, avec tout ce que je vivais, c’est devenu important, d’une certaine façon. Il y avait des gens gentils avec moi, et j’avais besoin de ça.
Malgré tout….. On ne peut pas lutter contre sa nature profonde, enfin je crois. Là encore, je pense que c’est mon caractère qui m’a sauvée. Et Stephen King. Je ne suis pas commode. Je n’accepte pas d’être soumise et de faire ce qu’on veut. Je pense que c’est ce qui a fait que ma personnalité est restée, n’a pas pu être étouffée totalement.
Je pense que ce petit passage va faire rire ceux qui me connaissent : Ils ont essayé de m’empêcher de lire Stephen King. Stephen King c’était mal, c’était diabolique. Alors que cet homme a changé ma vie, m’a fait aimer la lecture encore plus, moi qui avait du attendre de travailler pour enfin pouvoir lire cet homme dont j’entendais tant parler et qui me fascinait déjà de loin. Il a été mon premier livre à moi. Il est donc devenu pour moi, l’Unique. Ne plus le lire n’était pas pensable, c’était hors de question, même si je devais mourir au jugement dernier. Je le lisais en cachette, fumais en cachette, écoutais la « musique qu’il ne fallait pas » en cachette, ne préparais jamais mes réunions, mais en parallèle, je changeais.
Ma tenue vestimentaire, mes cheveux devenu très clairs, mon maquillage moins marqué, une attitude qui s’adoucissait. Et j’étouffais. Je ne me sentais, malgré mes efforts, pas à ma place. Je n’étais pas d’accord avec tant de choses. J’étais tellement déconcertée par le fait qu’ils n’existaient pas vraiment, sans me rendre compte que je m’enfonçais pourtant comme eux.
J’étais comme un petit poisson qui se débat dans une flaque. Ayant une mère violente et manipulatrice, partir était difficile. Elle ne tolérait pas qu’on ne pense pas comme elle et vous le faisait payer très cher. Ma soeur a reçu la bible en plein visage, juste parce qu’elle lui a dit ne pas vouloir devenir TJ.
Je n’ai pas existé….. Pendant plus de 10 ans. J’étais des leurs, sur le point d’être baptisée, tout en étant malheureuse, en vivant ce combat entre moi, et ce moi qui prenait de la place et me dérangeait.
Mais lorsqu’en cachette vous continuez d’alimenter votre esprit avec ce qui dérange, ça vous aide. Il y a encore une possibilité de revenir sur la berge. La littérature de Stephen King, si sombre, réaliste et entière. Votre habitude de vous torturer le ciboulot pour tout et n’importe quoi, qui fait que même si vous faites la sourde, ce qui cloche ne peut pas quitter votre esprit, et un jour ou l’autre, vous êtes obligé de l’affronter. Toutes ces contradictions, ces attitudes, ces discours qui sonnent faux. Votre découverte de l’hypocrisie, des traitements de faveur.
Si je devais tout détailler les concernant, un article ne suffirait pas. Je pourrais vous écrire un dossier énorme là dessus, de l’analyse que j’en ai fait, des compréhensions que j’ai faite. Je les connais tellement qu’aujourd’hui, lorsqu’ils me parlent je peux les démolir en moins de 2 minutes chrono.
J’ai fini par m’en aller, de chez mes parents et de chez les TJ sans finalement jamais être baptisée, dans la violence qui avait toujours fait partie de ma vie. Ma mère n’acceptant pas mon départ, j’ai été battue à coup de poing en pleine tête. J’ai juste eu la force de la repousser en étant à moitié sonnée, et de partir avec seulement mes vêtements sur le dos. Voilà comment à démarré ma vie d’adulte autonome.
Se libérer est possible.
Mais je suis restée Chrétienne au sens large. Le Dieu unique avait toujours sa place. Puis l’ésotérisme est revenu dans ma vie. Mes croyances ont tenus bons encore quelques temps.
Mais là encore, quand des choses vous gênent…. Ça ne peut pas aller. Quand au fond de votre coeur, vous voulez une vie dans laquelle vous avancerez, apprendrez, comprendrez… Vous n’êtes de toute évidence pas faite pour uniquement suivre un livre dit sacré. Surtout pas si ce livre vous dérange si fort.
Le temps est passé, je suis restée croyante, mais plus chrétienne. J’étais en quête d’autre chose, mais je n’avais pas encore vraiment compris que je devais repartir de zéro, totalement. Je n’avais pas encore compris que mon cerveau était formaté, que mes pensées étaient encore enfermées. J’étais à la fois la prison, la prisonnière et le gardien qui n’ouvrait pas la porte. Je ne suis pas meilleure que les autres. Même si je n’avais pas encore compris, la libération avait commencée.
J’ai discuté avec plein de gens. des Wiccans, des Luciferistes. Et malgré les heurts, j’ai appris, compris, avancé.
Et un jour, ça fait schboum là dedans. Il y a tellement de choses qui existent ! Tellement de cultures, de religions, de croyances, de cultes…. C’était fascinant.
C’est à partir de là, que j’ai pu commencer à être libre. Et on peut dire que ça aura été douloureux.
Vous savez…. J’ai appris. Beaucoup. Sur les religions, sur le système des croyances, sur moi même.
Tout ça, ça a mené à qui je suis. Ce parcours difficile, douloureux, m’a appris qu’on ne peut pas être heureux dans une prison, et surtout pas celle de l’esprit. Mais je pense que sans ce parcours, j’aurais pu aussi avoir cette liberté, si les religions ne s’imposaient pas, ne matraquaient pas les esprits, ne cherchaient pas à les soumettre et à les asservir.
Je me dis que peut être, si j’avais grandi dans un monde où les croyances étaient restées des croyances, j’aurais pu avoir cette liberté sans souffrir autant. Mais je ne peux pas refaire le monde, alors mon parcours a été celui-ci.
Je ne jette donc pas la pierre à ceux qui ont des croyances et une religion, qui sont enfermés dedans. Je sais trop ce que c’est, et à quel point c’est si facile de se retrouver enchaîner à tout ça, même si on ne le veut pas au départ. Mais je ne suis pas complaisante pour autant, parce que ce n’est pas un service à rendre. Si on cherche à imposer et dominer, je serais désagréable.
Ça fait de moi quelqu’un qui cherche à tout prix à démolir tout ça. Ce que je veux, c’est que les croyances soient laissées et remises au rang de simples croyances.
Ce que je veux aussi, c’est que l’asservissement cesse. Trop de croyances impliquent la domination, et même l’esclavagisme. Je ne supporte pas le règne de la peur. Dire à une enfant, comme on me l’a dit « tu vas aller en enfer » juste parce qu’on ne répond pas à une sacro sainte injonction, il faut remettre les pendules à l’heure : C’est de la violence, de la maltraitante et ça ne devrait pas être toléré.
Une entité qui exige de vous votre souffrance, que vous rejetiez les autres en leur faisant du mal, n’est pas digne de votre amour. Et ce Dieu, s’il existe, est-il si cruel ? Ce qu’on sait de lui n’est que les dires des hommes. Remettons les choses à leurs places : Tout vient des hommes. A partir de là, il faut être prudent et garder son esprit critique. Très critique.
L’attitude à avoir pour rester Libre.
Je veux que cet homme politique russe ou journaliste peu m’importe, n’ait plus de pouvoir sur le peuple. Je veux qu’on prenne les croyances pour ce qu’elles sont, qu’on les étudient, qu’on s’en serve pour réfléchir, avancer. Mais l’esprit doit rester ouvert. Il ne doit plus être une prison.
C’est quelque chose de très difficile ce que je m’acharne à faire, parce que ça implique de provoquer une peine. Mais la responsabilité de cette peine ne me revient pourtant pas.
La responsabilité, la culpabilité même, revient à tous ces dirigeants, qu’ils soient religieux ou croyants, qui doivent cesser de dominer et d’imposer, d’asservir.
Elle revient aussi à tout ceux qui viennent parler de tolérance, et qui se rendent finalement complices de cet asservissement. On assiste à un discours très édulcoré et hypocrite qui n’a pas de sens, sous prétexte qu’on ne veut pas faire trop de vagues et maintenir une pseudo image. On démolit le discours mais à côté, on est tolérant. Ça, ça ne mène nulle part, en tout cas, pas bien loin et surtout pas sur le long terme. De mon point de vue, soit on tolère, soit on démolit, pas les deux. On ne peut pas démolir quelque chose qui nous paraît acceptable et qu’on valide discrètement en permanence.
Je ne parle pas de faire du mal et d’être méchant. En aucun cas, on obtient rien de cette façon. Je parle de discuter, de partager des discours qui invitent à l’ouverture d’esprit. Je parle d’avoir des propos logiques, sensés, permettant la libération de l’esprit et l’entretienne. Je parle de ne pas justement prôner la violence, mais l’acceptation véritable et la tolérance, surtout pas basées sur la domination. Je parle de dire aux gens qu’ils peuvent penser par eux mêmes. Que les croyances, ils peuvent en avoir, mais qu’elles ne doivent pas prendre le pouvoir au point de ne plus exister derrière elles.
Je ne suis plus tolérante parce que si je comprends, accepte qu’on croit et le respecte, à partir du moment où on fait du mal, ou on asservit juste pour le profit et ses intérêts personnels, ça n’est plus digne de respect.
Il ne faut plus faire de tout ça des vérités, ça n’en est pas. Il faut n’avoir que des croyances, qui sont à remettre en question sans cesse. Laisser son esprit avancer, grandir, imaginer, penser. On avance pas dans une prison, c’est le principe même de la prison.
J’ai conscience que cet article peut heurter. Je ne m’en excuserai pas. Pas cette fois. Parce que je ne veux pas de mal. Je veux juste, surtout, expliquer que la liberté, c’est ça, la clé de l’évolution spirituelle.
Au final, je veux juste ma liberté, et la votre. Et que des gens n’en veuillent pas, n’est pas une raison valable pour priver les autres de la leur.