Il y a des jours, où je maudit mon travail. Lui, et tous ceux qui en font une chose simple aux yeux de tous. Qui prennent l’argent et passent à côté de l’importance de ce travail, de ce qu’il devrait être pour tous praticiens.

Je le maudit, parce que penser que faire de la voyance c’est facile, c’est ne rien connaître du sujet. C’est ne rien y comprendre. C’est une passion, que j’arracherais bien parfois, comme on arrache un sparadrap et qu’on jette, avec les mauvais souvenirs qui ont engendrés sa présence.

J’adore mon métier, mais j’ai la sensation parfois d’être un peu l’être maudit, cette vieille sorcière malfaisante issue des contes, qui vient pour ruiner un bonheur, ou un espoir d’être heureux. Et qu’on a payé pour ça. En plus.
Je me sens un peu comme ces oiseaux qui ne sont rien de néfaste pourtant, mais qu’on voit comme des porteurs de mauvaises nouvelles.

Il y a toujours un côté sombre à une profession, ou une passion. Il y a toujours cet univers ambivalent, qui vient te rappeler que même si tu veux répandre le plus de bonheur et d’apaisement possible…. Bien non. Tu seras aussi, cet oiseau de mauvaise augure.

Lorsque j’ai ce ressenti, et qu’il m’arrive de finir ma journée en pleurant parce que j’ai brisé un espoir, je m’accroche à cette pensée que je connais, sait être vraie, que si les choses sont pénibles sur le moment, ça veut dire qu’il y a autre chose ailleurs, de plus lumineux, de plus heureux.
Mais…. Il y a ces moments qui durent. Qui restent plusieurs jours et me donne envie de me terrer dans une cabane d’Hermite, au fond des bois. Un besoin de me retirer. Où je me dis que si je dois briser des espoirs, et bien….. Je voudrais pouvoir ne plus faire ça.

Nous vivons dans un monde où je vois l’espoir et l’humanité perdre du terrain, où je vois tant de gens chercher pourtant l’authenticité et la bienveillance. Comment peut-il y avoir tant de désir d’humanité et qu’elle puisse reculer autant ? Alors être un oiseau de mauvaise augure….. Je n’en ai pas envie.

Mais je suis lucide. Je dois l’être parfois, car être cet oiseau permet, à ceux qui acceptent de m’entendre, d’au contraire s’accrocher à un espoir de lumière à venir. C’est juste que c’était pas cet espoir-là.

C’est dur. Violent. On voudrait passer l’hiver à pleurer sous un plaid en se gavant de chocolat chaud, et en maudissant la terre. On se colle même, en cette période de fin d’année, devant des comédies romantiques de Noël que tout le monde dit détester. Mais qu’est-ce que tout le monde déteste ? Les comédies en elles-mêmes ou le fait qu’elles ne soient pas réelles et qu’elles ne pourront jamais arriver, nous ramenant à ce monde triste qu’on cherche pourtant à fuir sachant qu’on ne peut pas ? Moi je les aime. Je m’en fiche, je pars dans un monde imaginaire où tout fini bien. Même si c’est cucul la praline. Et cette année, j’en ai besoin plus que jamais.

Il ne faut pas penser que ça ne me fait jamais rien. Devoir dire à quelqu’un que ses doutes sur sa relation existent pour une bonne raison, qu’il ou elle ne signera pas ce contrat sur lequel il ou elle place tant d’espoir….. Et qu’on vienne me dire « vous aviez raison ».
Où est-il, celui qui va venir me dire un jour « Vous vous êtes plantée, je suis hyper heureux et je vous emmerde » ? Curieusement, même si les gros mots ne seraient pas utiles, j’aimerais parfois me tromper et je préfèrerai presque les entendre, lorsque je suis ce maudit oiseau.

La seule solution que j’ai, c’est finalement d’accepter d’être ce maudit oiseau. Parfois je l’accepte, mais en ce moment, ça va pas fort alors je voudrais rejeter ça. Je continue de faire en sorte de redonner le plus d’espoir possible en parallèle. D’expliquer que la douleur, la tristesse, en tout cas dans cette partie du monde où nous sommes privilégiés et avons plus de chances de faire les choses, ça ne dure pas.
Je dis ce que je vois, la capacité qui existe à avancer, le bonheur qui est attendu et à raison, puisqu’il est mérité et arrivera, même si là tout de suite…. C’est moche.

C’est pas facile, d’être cet oiseau. Je tente dans mon esprit, de me dire qu’il a plus de reflets colorés que je ne le perçois parfois.
Cette fin d’année est difficile. Épuisante et difficile. Ceux qui ne ressentent pas de fatigue, de douleurs…. Vous ne faites pas ce métier correctement et n’êtes, d’ailleurs, pas taillés pour le faire. Sans sensibilité, sans humanité, ça ne marche pas. Ce sont des conditions requises pour faire ce travail. C’est un travail très difficile. Humain, et douloureux.

Réfléchissez bien avant de sauter le pas, pour ceux qui envisagent cet avenir. Car le cliché de la voyante qui s’éclate tous les jours, devient riche en faisant ce qu’elle aime sans qu’il n’y ait de revers à la médaille…. Ça n’existe pas.

4 commentaires

  1. Votre message m’a touchée. Merci.

      1. Bonjour Angellyca 🙂 Ton article est très beau, vrai et juste. Tu es une belle personne 🥰 Malheureusement, bcp de ceux qui exercent ce métier ne sont pas dans l’humain et l’empathie, et pour l’argent entre autres…
        Mais petit bémol quand même 🙂 les voyants se trompent aussi, même lorsqu’ils annoncent de bonnes choses :)) Alors à nous consultants de garder notre recul sur les prédictions et bien entendu notre libre-arbitre 💪🏾😊😊
        Bonne journée 😊

        1. Author

          Bonjour Fastouche 🙂

          Oui, les voyants se trompent aussi lorsqu’ils annoncent des choses positives, c’est normal et humain. 🙂

          Merci pour tes mots ! ♥

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