Au fil de mes consultations, je vois bien que beaucoup de gens ont du mal avec le fait de faire des erreurs. Je le comprends dans la mesure où nous vivons dans une société qui, dès que nous sommes enfants, nous apprend à entrer dans cette course à la perfection, à entrer en compétition avec les autres.

Pourtant, lorsqu’on dit « l’erreur est humaine », cette phrase est loin d’être anodine.

*Il est important de noter que dans cet article il sera question d’erreurs quotidiennes, de parcours, de choix de vie, de choix de carrière, ou de personne lorsque nous sommes en couple, par exemple. D’erreurs que nous faisons chaque jours et tous en général, en somme.

Ne pas nier la condition humaine.

La condition humaine, ce que nous sommes de façon véritable et en profondeur, n’est pas une chose à oublier. J’ai la sensation que c’est pourtant une chose souvent ignorée, mal comprise.

J’ai vraiment pu observer, au fur et à mesure de mes années de travail, que j’ai fais face, dans 90% des cas, à des gens qui sans cesse, refusent leur droit à l’erreur. Car oui, c’est un droit. Le droit de se tromper, de l’accepter, de se pardonner même.

Dans la tête de beaucoup, l’erreur est une calamité, un échec cuisant, et les réactions varient en intensité, mais sont souvent la même à la base. On se trouve nul, idiot, on se culpabilise, disons-le franchement : On s’enterre carrément. De l’auto flagellation. Ni plus, ni moins.

Cependant, un point est à retenir et je pense qu’il faut y réfléchir. L’erreur est humaine. Ce qui veut dire que l’erreur est une chose que nous ne pouvons pas extirper de notre condition. L’erreur est propre à l’humain. Ça ne peut pas être dissocié, ça ne peut pas être changé. Nous sommes conçus ainsi.
Je n’entrerai pas dans le débat de savoir qui nous à ou non conçus ainsi, déjà parce que je n’en sais strictement rien, et parce que ça ne changerai rien au fond de la question. Nous sommes ainsi. Point.

Accepter notre capacité, droit à l’erreur.

Comme dit plus haut, je pense que notre société est, dans la grande majorité, totalement inadaptée à notre condition. Elle est construite sur des apparences, sur le gain, la compétition. La superficialité va être la valeur dominante de la société dans laquelle nous vivons.

Il faut être beau, mince, tout avoir, être parfait sur Instagram. Instagram d’ailleurs, est très représentatif de ce qu’est notre monde et de tout ce qui ne va justement pas dedans. L’apparence, la pseudo perfection, la course au clic et à la vente. Les comptes où les photos sont faites dans la plus grande simplicité et sans artifices sont rares.

En clair…. Il faut être parfait. Irréprochable. Ce que pourtant, personne, absolument personne n’est capable de faire.

Le droit à l’erreur n’est plus permis que par une poignée de gens. Des gens qui peuvent d’ailleurs être vus, pour ça, comme des laxistes, voire même des complices. Car très honnêtement, il est courant de voir des gens qui ont commis une erreur être lynchés littéralement sur les réseaux sociaux, ou dans les articles de presse. Presse qui est plus proche aujourd’hui de la poubelle que de l’information véritable.
Le moindre acte incompris sera une erreur, le moindre mot incompris sera aussi une erreur, à une époque où chacun adopte volontiers les définitions qui lui convient, plus que les définitions véritables. Avec les réseaux sociaux, ont peut aller chercher les erreurs que vous avez commises en 2015, s’en servir, et faire de votre vie un enfer, à une époque où plus rien ne peut être dit véritablement, sans faire face à une quantité ahurissante de radicaux, dictateurs de la pensée, qui ont avant tout, pas mal de choses personnelles à régler.

Cette société, notre monde, ne s’accorde plus le droit à l’erreur, la compassion, la compréhension et le pardon. Nous avons construit un monde où le naturel n’existe pas vraiment. C’est pour ça qu’il ne va pas bien. Que nous n’allons pas bien.

L’erreur, qu’est-ce que c’est ?

C’est à mon sens ce qui est oublié. La vraie définition, et même la fonction de l’erreur. Cette chose dont nous sommes capables et qui en réalité, n’est rien d’autre qu’un escalier à grimper, pour avancer, s’améliorer.

L’erreur par définition, et très simplement, va être de se tromper de direction, de choix, parmi plusieurs possibilités plus ou moins évidentes. Et il est vrai qu’elle peut avoir des conséquences graves.
Il n’est pas et ne sera jamais question pour moi d’expliquer que toutes erreurs commises ne doit pas avoir de conséquences. Ça fait justement partie intégrante de l’erreur même si ce n’est pas mentionné forcément dans sa définition. Elles en ont toutes, plus ou moins graves, qu’elles proviennent de la Justice des hommes ou d’ailleurs. Tout acte à des conséquences. Vivre avec son erreur et ce qu’elle a engendré en est une, par exemple. La conscience peut s’avérer être une vive et douloureuse punition, et ce, à vie parfois.

C’est pour ça que je conseille, et essaie moi-même au quotidien, de réfléchir avant d’agir ou de parler. Lorsque je parle de réflexion, il ne faut pas comprendre « réfléchir quelques minutes ». Je parle d’une confrontation à soi, d’avoir conscience, le plus qu’il nous est possible de le faire, des conséquences que vont engendrer nos choix, nos actes, et avoir à l’esprit les conséquences qu’il faudra assumer, sans se dédouaner.

Pour ceux qui s’en foutent cordialement, qui n’ont pas envie de réfléchir aux conséquences sur leurs vie et surtout sur celles des autres, parce qu’il y en a, je leur réponds : Alors ne venez pas pleurer. Point.
C’est finalement pas si compliqué la vie. Je n’ai pas de compassion pour ceux qui se moquent du mal qu’ils peuvent faire consciemment et volontairement aux autres.

Cependant, lorsqu’on a eu à coeur de réfléchir et que nous nous sommes trompés, ou parce qu’on aura été un peu étourdi ce qui peut arriver n’exagérons rien, à ceux là je dis : Ne culpabilisez pas plus que de raison. L’erreur est là, ses conséquences aussi et vous allez devoir les assumer. Vous ne croyez pas que c’est suffisant ?
Vous avez fait une erreur concernant votre partenaire amoureux, votre carrière…. Vous vous apercevez que vous n’avez pas réfléchi assez alors que vous aviez cru le faire….. Les conséquences sont déjà parfois lourdes. Pourquoi en plus vous dire à vous même, ou même laisser les autres vous dire des choses atroces et culpabilisantes, qui consisteront à expliquer que vous êtes un gros nul ou un idiot ? C’est inutile, cruel, et même contreproductif. Ces gens qui vous culpabilisent parfois ne sont pas meilleurs que vous. Ils sont eux aussi des humains incapables de ne pas se tromper. Qu’ils s’en souviennent donc avant de distribuer si ouvertement jugements et condamnations.

L’erreur sert à quoi ?

L’erreur est un enseignement que vous devez comprendre. C’est ce qu’on appelle des leçons de vie.

Vous vous êtes trompés. Et même lourdement. Mais le travail à faire ici, est en premier lieu l’acceptation. Il faut accepter que ça fait partie de vous, que vous ne pourrez jamais ne pas vous tromper. L’erreur est humaine. Vous ne pouvez pas y échapper, c’est pour ça que ce travail d’acceptation est très important, parce que c’est ce travail qui va vous permettre de vivre les choses autrement. Il vous permettra également de ne plus prêter d’oreilles attentives à ceux qui n’ont que la culpabilisation et la condamnation à vous offrir en guise de réponse, plutôt que de vous comprendre, de vous soutenir et de vous accompagner avec compassion et générosité.

Ayez la bonne attitude. Réfléchissez calmement. Posez vous les bonnes questions.

Pourquoi vous vous êtes trompés ? Qu’est-ce que vous avez zappé, n’avez pas envisagé ? Que vous explique votre erreur, sur vous, sur les autres, sur le monde ? Qu’est-ce qu’elle veut dire, cette erreur ?

On en apprend beaucoup lorsqu’on procède à une analyse de nos erreurs.

Par exemple, une erreur dans le choix de votre partenaire ne va pas être qu’une perte de temps. Ce choix va vous apprendre à analyser le comportement de certain(e)s hommes ou femmes, et surtout ça va vous en apprendre beaucoup sur vous. Ce que vous voulez, ne voulez pas, et même ne voulez plus. Ce qui vous semble acceptable ou non dans une relation, quel type de personnalités sont en réalité plus susceptibles de convenir à la votre, d’être plus proche de votre sensibilité.
En bout de ligne, vous êtes finalement aptes à choisir qui peut ou non entrer dans votre vie, ce qui va vous permettre de ne pas réitérer ladite erreur. Tout simplement parce que l’erreur commise vous aura servit à quelque chose.

Voilà sa fonction, sa vraie nature. Elle est votre chemin, votre professeur, celle que vous ne pourrez jamais éviter. Une prof pas très agréable et même un peu rabat-joie, mais elle fait bien son travail, pourvu qu’on soit attentif en classe. Vous êtes votre propre enseignant et l’élève en même temps. Vous commettez les erreurs qui vous permettent de grandir et de ne plus les faire.

Comment accueillir les erreurs commises ?

Le plus sereinement possible, même si je vous l’accorde, ça n’est pas facile. Mais pourtant, l’accueillir avec un esprit posé et calme vous permettra de l’aborder sereinement et d’en tirer les enseignements nécessaires.

Il va aussi falloir apprendre à faire une chose, qui elle aussi, n’est pas facile. Rien dans ce monde n’est d’ailleurs facile, ça aussi, il faut l’accepter.

Vous allez devoir reformater votre cerveau. La société vous explique que l’erreur est une chose à éviter à tout prix. Il y a un lourd sentiment négatif autour de l’erreur dans notre monde. C’est faux.
Certes réfléchir sera toujours à faire parce qu’il est vrai que certaines peuvent être évitées donc autant le faire puisqu’avoir compris que c’est une erreur veut dire que l’enseignement à été tiré. Mais delà à expliquer que l’erreur est par définition un truc à éviter absolument au point de culpabiliser, rabaisser et condamner quiconque en commet, au point d’en faire une course à la perfection, perfection qui n’est rien de plus qu’une projection humaine de surcroit… Bon courage. Les erreurs, on en fera toujours. Point, alors autant vivre avec. L’accepter, l’encaisser. Et respirer un peu. En faire quelque chose d’utile.

Cette société nous poussent à devenir des choses « parfaites », que nous ne seront jamais. C’est pour ça que je disais plus haut qu’elle est inadaptée à notre condition, parce qu’elle n’en tient tout simplement pas compte.

Il va falloir aussi comprendre que cette société, nous avons un pouvoir dessus. C’est nous qui l’avons façonnée ainsi, et ce qui a été fait peut être défait. Ce sera long, très long. Mais vous ne devez pas minimiser votre pouvoir sur le monde, sur les autres. Vous existez, vous avez une voix. Vous pouvez être un exemple pour les autres qui à leurs tour en seront. On dit toujours qu’on a pas assez de pouvoir, qu’on est pas assez nombreux. Le souci, c’est qu’en réalité, plein de gens en ont ras le bol mais beaucoup attendant que d’autres bougent. Sauf que d’autres bougent déjà ! Beaucoup se battent déjà pour plus d’acceptation, de tolérance et de respect, pour que le naturel reprenne le dessus face à toute cette superficialité étouffante.
Il faut donc rejoindre le groupe, en commençant par accepter ce que vous êtes et ne plus laisser le monde vous faire culpabiliser pour ça. Pour que la société devienne ce qu’elle est, ça a aussi été long. Donc pourquoi baisser les bras ? Si ça a marché dans un sens, ça marchera dans l’autre.

Acceptez vos erreurs, faites-en quelque chose pour grandir. Avancez. Pardonnez-vous. Et dites à ceux qui vous condamnent sans détours de revenir lorsqu’ils auront eux-mêmes atteint cette perfection qu’ils aiment tant….. Ils ne vont pas aimer. Mais c’est pas grave. Eux aussi doivent apprendre de leurs erreurs, après tout.

On leur souhaite d’y parvenir.

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